
L’antibiorésistance correspond à la capacité des bactéries à résister à l’action des antibiotiques, rendant certains traitements inefficaces. Ce phénomène, accéléré par une utilisation excessive ou inappropriée des antimicrobiens, concerne autant la médecine humaine que vétérinaire.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte depuis plusieurs années sur les conséquences dramatiques de ce phénomène : d’ici 2050, l’antibiorésistance pourrait provoquer 10 millions de décès par an si rien n’est fait (source OMS).
Face à ce risque, le concept « One Health » s’impose : la santé humaine, animale et environnementale sont interconnectées.
Ainsi, le rôle des vétérinaires est stratégique, car la bonne gestion des antibiotiques en médecine animale influence directement la résistance bactérienne observée chez l’humain.
👉 En France, l’ANSES pilote plusieurs programmes visant à surveiller et réduire l’usage des antibiotiques en élevage et en clinique vétérinaire.
Prescripteur, praticien et pédagogue, le vétérinaire est le premier maillon d’un usage raisonné des antibiotiques. Avant toute prescription, il doit établir un diagnostic clinique précis, choisir la molécule adaptée, définir la posologie correcte et veiller au respect de la durée de traitement.
Mais sa mission ne s’arrête pas là. Il doit aussi sensibiliser les éleveurs et les propriétaires d’animaux à la nécessité d’utiliser les antibiotiques uniquement lorsque cela est indispensable. Les traitements préventifs systématiques, autrefois fréquents en élevage, tendent désormais à disparaître au profit de pratiques plus durables : vaccination, amélioration de la biosécurité, suivi sanitaire régulier.
Cette évolution s’appuie sur un cadre réglementaire européen exigeant. Le règlement (UE) 2019/6, entré en vigueur en 2022, harmonise les règles de prescription et de vente des médicaments vétérinaires dans toute l’Union européenne. L’objectif : mieux encadrer la délivrance, renforcer la surveillance et garantir la transparence des usages.
👉 En France, le Ministère de l’Agriculture promeut cette approche raisonnée à travers le plan ÉcoAntibio, qui a déjà permis de réduire de plus de 45 % l’exposition des animaux aux antibiotiques depuis 2011.
Depuis 2023, la France s’est dotée d’un outil de référence : Calypso, la base nationale de déclaration des antimicrobiens, gérée par l’Ordre des vétérinaires et l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV).
Chaque prescription, vente ou administration d’antibiotiques par un vétérinaire doit y être enregistrée.
L’objectif est double :
Les données collectées concernent :
Grâce à cette remontée d’informations, les autorités peuvent suivre l’évolution des pratiques et détecter rapidement d’éventuelles dérives.
👉 En savoir plus : ANSES – Base Calypso
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De son côté, la Belgique a mis en place Bigame (Base Intégrée de Gestion des Médicaments Vétérinaires), gérée par l’AFMPS et Sciensano.
Son principe est similaire à celui de Calypso : toutes les données relatives à la prescription, la distribution et l’usage des antimicrobiens sont centralisées et accessibles aux autorités sanitaires.
👉 Plus d’informations sur les sites de Sciensano et de l’ARSIA.
Ces outils numériques ont une valeur inestimable : ils permettent une vision à grande échelle des usages, favorisant la recherche, la prévention et la coordination entre praticiens, pharmaciens et institutions.
Les logiciels de gestion vétérinaire jouent un rôle déterminant dans ce dispositif.
Grâce à l’intégration de modules de déclaration automatique vers Calypso ou Bigame, ils simplifient le quotidien des praticiens tout en garantissant la conformité réglementaire.
Un logiciel pour vétérinaire moderne offre plusieurs avantages :
En pratique, ces solutions numériques permettent aux vétérinaires de gagner du temps administratif, de limiter les erreurs et de participer activement à la surveillance nationale.
L’outil devient ainsi un véritable allié de santé publique, tout en renforçant la responsabilité du praticien.
La lutte contre l’antibiorésistance ne peut être menée isolément.
Elle repose sur une coopération étroite entre les vétérinaires, les éleveurs, les pharmaciens et les autorités sanitaires.
Les logiciels de gestion et les bases de données comme Calypso ou Bigame favorisent cette collaboration en rendant les informations accessibles et exploitables à tous les niveaux.
Mais la technologie ne remplace pas le jugement médical : la clé reste la prévention.
Vaccination, hygiène, suivi sanitaire régulier et formation continue des praticiens permettent de réduire le recours aux antibiotiques et d’allonger leur efficacité.
L’antibiorésistance n’est pas seulement un enjeu réglementaire, c’est un combat collectif. Et le vétérinaire, grâce à son expertise et aux outils numériques à sa disposition, en demeure la pierre angulaire.

L’équipe Epivet